lundi 30 novembre 2009

Mon rêve de sable



Mon rêve de sable s'écroule
Mon 4x4 sauteur s'évaporise
Ma marina durable s'ensable
Mon Louvre kitch s'entrouvre
Mon GSM micro onde sur prise

Le chèque du cheik était en bois
Le caddy n'était que pétrolette
L'eau salée sèche est bien amère
Ma tour infernale culmine dans le vide
Burj-al-arab 800 mètres de vide

Mon doré catamaran solaire
En fibre de carbone carbonifère
De mégalos sanglantes injections
De mégalithes asiatiques érections
Mon rêve de sable s'écroule


Bien fait; na! (c) PhVdb


lundi 16 novembre 2009

Littérature de gare?



















Crimes sur le Don

L’hatman Vassiliev Dourazine
Vieux cosaque, vil et lubrique,
Sur son noir tarpan fringant
Du Don au Dniepr guerroyant
Pour le Tsar Yvan le Terrible
Couvrait toute la vaste steppe.

Raide, vive et fine, la trique,
Comme son courbe sabre sikh,
Les matriochkas, dénudant
A même la terre, les couchant
Enfilées, embrochées trépassaient.
Tous les popes en pleuraient.

Deux samoyèdes sibériens
Pour l’okhrana pistaient le chien
Le trouvant sur la Caspienne
L’invitèrent tout de go sous la yourte
Et d’un poison sorti de la gourde
Mirent à mort cette brute lubrique.

Apprend vil boyard, que du tsar
Tu ne violenteras pas la babouchka,
Et que nombreuses sont les vesdres
Mais les pleurs ne restent pas en reste
Et court est le souffle du vent
Des steppes jusqu’à Krasnoye Selo.

© Ph Vdb

dimanche 15 novembre 2009

La création du monde



FLEUR DE LOTUS

Ô Fleur de Lotus

Que le Premier naquit de l’Eventrée
Que ton Pet de Lune, de l’Ecartée
Vienne au Vicieux, en bulles crevées

Ô Fleur de Lotus

Que le Dernier gicle des Monts du Tigre
Que ton pied de corail, de ses Tiges
Vienne au Vicieux, en belles érigées

Ô Fleur de Lotus

Que ton Oursin craque
Sous le bec du Cormoran
Que le Vicieux crame
Sous le poids de l’Incandescent

© Ph Vdb

J'aurais pu illustrer ce poème mystique par un cormoran, ce qui n'aurait rien voulu dire de plus que l'oursin, mais la bouche de l'oursin entourée d'un organe appelé "la lanterne d'Aristote" me séduisait plus. 


L'union fait la force!


L’avantage de la politique est qu’elle ne s’occupe pas du citoyen.
Heureusement !
Les citoyens sont en mouvement perpétuel, créatifs, tout à la fois solidaires et indifférents. C’est ce qu’on appelle la « masse ». Elle est souvent silencieuse et ne crie qu’en jouant à la guerre ! (ou au football)

Seul, dans l’histoire de l’humanité, s’est occupé du citoyen, le tyran.
Le tyran est donc un être profondément altruiste ; il n’est donc pas un politique !
Le tyran est issu du prolétariat et en est le dictateur des âmes, de la conscience et du corps.
La tyrannie, comme les fourmilières, est une mécanique parfaite de reproduction, de vie et de mort. 

Le politique lui ne s’occupe que de pouvoir ; ou plutôt, il s'occupe de la cuisine du pouvoir, de l’indicible dosage des ingrédients du pouvoir.
Le monde politique est une "classe" à elle toute seule et comme dans toutes les classes, ne s’y trouvent que des condisciples, des camarades, qui se battent pour être les premiers, ou mieux « le premier » qu’on appelle souvent un (ou une) « secrétaire ».

La classe politique est un biotope où l’on trouve les plus infidèles amitiés et les plus fidèles inimitiés. Biologiquement parlant, c’est la plus grande bananeraie au monde et les pelures de ces beaux  fruits bien amers se trouvent plus souvent sous les sabots de certains cuistres que sur le fruit nourricier qu’elles sont censées protéger.

Passer de la « masse » à la « classe » est impossible. Mais au sein de ces organes complexes, passer d’un membre du corps à l’autre de cette "classe" est possible mais c’est de la traîtrise. Dans le monde politique on est donc toujours un peu le traître d’un autre camarade.

Vous avez compris ? Non? Alors relisez Marx à travers sa critique historique de la lutte des classes!

(c) Philippe Vandenberghe

    (c) Photo: Yves Deckers



lundi 9 novembre 2009

WHY I LOVE HER



Le Colt et le Cimetère

Il arriva qu’en des temps anciens, des bergers reposaient à l’ombre d’un dattier.
A quelques mètres d’eux, certaines chèvres faméliques de leurs troupeaux buvaient l’onde d’une mare croupissante.
Ils servaient un maître cruel et barbare qui, à chaque changement de lune et d’humeur, prélevait un lourd tribut en chèvres, filles et gitons.

A la tombée du jour, un fort groupe d’étrangers venu d’un « Grand  Etat Lointain » surgit d’entre les dunes proches et menaçât les misérables.
« Quoi, votre maître vous autorise à venir paître en ces lieux.
Mais vous représentez une menace majeure pour ce Paradis avec vos vilains caprins !
Dieu nous a confié la protection de celui-ci dans les Saintes Ecritures
».

Nos maigrelets n’y entendent gouttes, s’agitent et en appellent à toutes les divinités du Panthéon.
On déroule les rouleaux sacrés, points de réponses.
On se roule les burnous sur les cailloux, on crie, on pleure. Rien n’y fait.

« Eh quoi, vos yatagans, vos cimetères rouillés sont des armes de destruction massive pour nos cotons et maïs. »
Poursuivent les matamores.

Aussitôt nos beaux étrangers qui avaient fort soif de l’eau de nos pâtres font parler la poudre et, à grands coups de colt, débarrassent la terre de nos malheureux quidams.
Pulvérisé le berger.
Le sang coule rouge sur le sable blanc du désert.
Egaillées les biquettes. Irradiés les dattiers.

Un beau hourvari dans cette oasis - joli spectacle – clameurs sans fin de nos oppressés avant de trépasser.
Peu en réchappent.
Le Cruel ventripotant apprenant le désastre embarque sur la première felouque avec son troupeau d’esclaves et quelques jolis coffres et vogue vers l’ile de Démocratos.
A ma connaissance, il y réside toujours protégé par le vieux sage de la montagne.

Mais quoi de l’oasis ? -  me direz-vous !

Hé, n’ayez crainte Amis Lecteurs.

Nos outlaws suivis de quelques ingénieurs agronomiciens installèrent dans l’oasis force pompes et pipes-lines.
Et au nom de la lutte contre la faim en faveur de ces populations arriérées, on arrosa copieusement les cotons et maïs de l’Oncle Colt.
Fini le lait des chevrettes.
Dorénavant les trois quarts des enfants de ce quart monde  purent consommer du lait de maïs « ogémisé », « breveté », « cartonisé et dropé par carriole volante ».
Flocons, copeaux, crispies contre l’onde précieuse.
Les parents des marmots avaient bien quelques peines à payer cette manne celeste proposée par un Etat si pieux…

Mais son chef, un homme bien brave, entouré de ses porte-bottes savait y faire avec ces populations rebelles.

Le bonheur bouffi et obèse d’un état sûr de son bon droit du plus fort !

… A coup de colt !

© Ph. Vdb

mercredi 4 novembre 2009

Pentagone irrégulier


Pentagone irrégulier, labyrinthe crasseux de mes boulevards nocturnes. Verdures sales de mes reflets sombres dans les lacs du haut de la ville. Echoppes dégueulantes de bourgeoises dentelles, tu es mon tripot aux remugles de moules, de frites et de bière sûre.
Une génération de faquins t'a éviscéré de tes volutes les plus douces. Une génération de tripailleurs t'a érigé de phalus décalotés. Tes cris de femme violée n'ont pu empêcher le massacre et sans cesse les scolopendres se sont raprochés de ton coeur palpitant.
Pentagone irrégulier, tu es aussi la somme de mes rêves moites, de mes refuges paniques, de mes évasions urbaines dans ces lieux que tu caches sous tes jupons de briques. Seule une garce comme toi pouvait me satisfaire dans mes oasis mentales.
De tes milliers de maux, engendré des milliers de mots au trouble surréalisme d'histrions, d'entarteurs et de barbouilleurs.
Bruocsella, putain pornocrate, bourgeoise provinciale bousculée par Europe, dormiras-tu toujours?
Le tram 33 poura-t-il fendre les chaines de tes cinq angles?
Mon bien aimé pentagone... irrégulier.

(c) Ph. Vdb 
 

mardi 3 novembre 2009

Saint Sébastien

SAINT SEBASTIEN

Saint Sébastien, levantin ma foi
N’avait rien d’un contrefait
Ne voulant point périr sur la croix
Vite il parcourait les adrets.
Des archers du Roi, évitait la loi
En offrant sa beauté aux rets.

D’une Perséphone suivit la trahison
Et sur les chemins de Rome,
D’un vil condottière connut la prison.
Nu et torturé comme personne
Ne reniant ni son nom ni sa religion
Il fut vite condamné à none.

Exposé dans un cul de basse fosse
Sa pureté offerte aux soudards
Reçut le premier trait sur le haut de l’os.
La douleur lui fit lever le dard
Et sur le corps percé, dépourvu d’ost 
Sa semence versa à tout hasard.

C’est ainsi que le célèbre Michel Ange
Peignit ce bel adonis, saint et nu
Et notre artiste zélé disciple d’Onan
Cacha d’une légère bande de tulle
Sur les saintes et sacrées voutes vaticanes
Ce prude héros si ambigu.

© Ph. Vdb.

Ce mythe que je parodie, est une image extraite du “Jugement dernier” de Michel Ange, que l’on peut admirer sur le tympan de la chapelle Sixtine. Comme le personnage est intéressant, universel et récupéré par l'écrivain japonais Mishima et comme le suggère Marguerite Yourcenar qui lui a consacré l’ouvrage "Mishima ou la vision du vide", où elle évoque sa vie ainsi que sa mort tragique, j’ai préféré illustrer ce texte par la confrontation de deux cultures: l'Orient et l'Occident. 
Mishima semble avoir fait de son suicide rituel son oeuvre ultime qu’il a préparé et répété au fil du temps. Mishima qui avait écrit et adapté sa nouvelle “Yûkoku” 1965 (Le tout avec le Liebestod extrait du Tristan et Isolde de Richard Wagner) au cinema, avait par ailleurs décrit une action très similaire dans son roman “Chevaux échappés” 1959, avec une fin tout aussi tragique. Quand on sait que son oeuvre baigne dans le pessimisme permanent et que la souffrance en est un thème récurrent chez un homme qui se disait envoûté par le tableau “Saint Sébastien” de Guido Reni où figure un éphèbe à demi nu percé de fleches, il m’a semblé logique de me servir de Mishima comme illustration provocatrice à cette polissonnerie.

lundi 2 novembre 2009

Délices engloutis


Mes premiers souvenirs sont liés à des rêves. Des rêves sucrés et acidulés. Petits morceaux de fruits juteux, une impression presque érotique, une vibration sur la langue.
Je n’ai découvert qu’après des années que le fruit désiré et désiré sans cesse était une papaye bien mûre et tellement juteuse. Une pointe de citron vert en ravivait la sensation.
Plaisir d’enfant du haut de mon unique année un peu passée sur cette terre d’Afrique, c’est ce seul souvenir qui me remonte de mon bas âge et qui encore aujourd’hui me revient en rêve.

Les autres images de ces terres lointaines se présentent à moi par des photographies sépias exhumées d’une boite à chaussures jaunie et poussiéreuse.

Un bungalow clair et lumineux, une route de terre poudreuse, un manguier aux fruits lourds, quelques rares négrillons.
Je connais cette image enfouie dans ma mémoire; je connais cette femme à la robe de percale tachetée de fleurettes, au casque colonial si banal dans ces régions équatoriales et posant devant une balustrade blanche clôturant un auvent ombragé.

Ce continent rêvé, je l’ai quitté dans le fracas d’un orage tropical, dans une course folle pour retrouver un grand père mourant que je n’ai pas connu et dont je n’ai aucun souvenir si ce n’est les quelques rares livres d’enfant qu’il m’avait offert et qu’encore aujourd’hui je feuillette avec nostalgie.

(c) Ph Vdb

C'est la lutte finale!


Conte nègre très noir

Dispril était, d’une tribu Bamboula, Princesse
Joli teint, belles dents, lolos, grosses fesses.
Vendue la reclue contre cent-trois génisses
Au Prince Perdolan qui n’était pas garde suisse.

Le Yaka cruel mille fois pénètre la belle mie
Toutes les nuits, krak krak, la Dispril a triste mine
Point de mangues, de figues et autres sucreries
Mais un fruit amer après neuf mois de vilenies.

Le cul dressé, les mains calées sur les hanches
Notre grasse hottentote rumine céans sa vengeance
Mais comment débarrasser la palmeraie de ce cuistre
“J’aurai pourtant la tête et la peau de ce pitre”

Une nuit d’orage, notre callipyge monte le bandant
Et en plein nirvana tranche les atouts du croquant
De chaque membre ébène coupé morceau menu
La Bamboula les fit rôtir pour nourrir toute la tribu.

De Princesse à Reine il n’y a qu’un petit rôt
Mais de ces Princes-là, il y en avait un de trop.

Hommage à Tristan Tzara

(c) Ph. Vdb.