dimanche 29 janvier 2012

Absence


Rudolf Anker (1867-1869): son 4ième enfant sur son lit de mort.

FOUDROYE

Que dire Asphodèle?
Que de cris muets et silencieux.
Que de pensées arc-en-ciel
Qu'un vide atroce et acéré.

Mal, oui mal, sans douleur
Mal d'une nuit écrasante et trouble
Mal de rêves joyeux et haletants
Pourquoi?

Pourquoi ce temps écartelé?
Pourquoi tant de distance proche?
Et ce murmure si doux, si paisible
En crissements rapides décomposés.

J'ai peur, oui j'ai peur.
De quel Achéron serons-nous séparés?
Méritons-nous l'Hadès?
L'Amour est Divin mais l'Olympe nous le permettra-t-il?

Que dire Asphodèle?
Que de fleurs. Divines blessures.
Que d'élans espérés en caresses vibrantes.
Quand le temps suspendra-t-il son supplice?

© Philippe Vandenberghe, hommage à Stéphane Mallarmé.

A tous nos Enfants espérés, vivants et perdus. 
On ne peut comprendre Stéphane Mallarmé (1842-1898) qu'en songeant à sa santé défaillante et à la mort de son petit garçon dont il se sentira toujours responsable, Anatole. Le Tombeau d'Anatole qu'il prévoyait d'écrire et dont ne subsiste que l'ébauche pathétique; Mallarmé, poète de l'inintelligible comparé aussi à Joyce et Nietzsche, il sut être fascinant et fasciné lui-même par la musique. Il fut d'emblée un classique éloigné des classiques, admirable... inimitable.

 Mallarmé, gravure de Paul Gauguin

lundi 9 janvier 2012


LA BALLADE DE JOHN RED GUN

Il est des tribus d’un seul et unique
Et lorsque John Red Gun était passé
Le scalp garnissait sa ceinture d’élan
De ce chasseur blanc ne restaient plus de Mohicans

De la plaine des bisons forts et multiples
Et lorsque John Red Gun était passé
Les cornes garnissaient sa toque d’élan
De ce chasseur blanc ne restait plus que le néant

Dans les bois de bouleaux, les squaws tragiques
Et lorsque John Red Gun était passé
De leur virginité elles garnissaient son froc d’élan
De ce chasseur blanc ne restaient plus que des tourments

Dans les Rocheuses d’un terrifiant grizzli
Et lorsque John Red Gun était passé
Les crocs dévorèrent la nuit le trappeur dormant
De ce chasseur blanc ne restaient plus que des dents

© Ph. Vdb.

Eté chaud



CATALOGNE

Terre verte, vignes, abricotiers
Le mas massif est là devant moi
La tour équerre des templiers.
Sur le roc brun-rouge est le toit,
De deux cent ans de ces métayers
Sur les hérétiques ont imposé la loi.

Terre verte, de vins et de fruits
Soulerie, chaleur, crissements
Des insectes irisés sont les bruits
Fugaces stridulements dans le vent
Des hirondelles dans leurs folles fuites
Rayent l’horizon d’un rayon d’argent.

Mer bleue, franges vermeilles, étranges
Baignades d’enfants nus et rieurs
Des voiliers blancs, canots oranges
Des parasols colorés sont les fleurs
D’un sable déambulé avant l’orage
A la casquettes, des glaces d’un crieur.

© Ph. Vdb.