FOUDROYE
Que dire Asphodèle?
Que de cris muets et silencieux.
Que de pensées arc-en-ciel
Qu'un vide atroce et acéré.
Mal, oui mal, sans douleur
Mal d'une nuit écrasante et trouble
Mal de rêves joyeux et haletants
Pourquoi?
Pourquoi ce temps écartelé?
Pourquoi tant de distance proche?
Et ce murmure si doux, si paisible
En crissements rapides décomposés.
J'ai peur, oui j'ai peur.
De quel Achéron serons-nous séparés?
Méritons-nous l'Hadès?
L'Amour est Divin mais l'Olympe nous le permettra-t-il?
Que dire Asphodèle?
Que de fleurs. Divines blessures.
Que d'élans espérés en caresses vibrantes.
Quand le temps suspendra-t-il son supplice?
© Philippe Vandenberghe, hommage à Stéphane Mallarmé.
A tous nos Enfants espérés, vivants et perdus.
On ne peut comprendre Stéphane Mallarmé (1842-1898) qu'en songeant à sa santé défaillante et à la mort de son petit garçon dont il se sentira toujours responsable, Anatole. Le Tombeau d'Anatole qu'il prévoyait d'écrire et dont ne subsiste que l'ébauche pathétique; Mallarmé, poète de l'inintelligible comparé aussi à Joyce et Nietzsche, il sut être fascinant et fasciné lui-même par la musique. Il fut d'emblée un classique éloigné des classiques, admirable... inimitable.
Mallarmé, gravure de Paul Gauguin