RIXE SIAMOISE
Kungfu était confusément confussianiste
Mais Tchéo était terriblement taoïste
Ils étaient à couteaux de soie dégainés
Mais quand il faut boire le saké c’est qu’il est tiré
Donc au pays du soleil tirant
Kungfu et Tchéo du téton tétaient le thé
De part et d’autre de la muraille géante
Ils se maudissaient d’anathèmes vertbridés
Une siamoise un peu garce, un jour vint à passer
Une jeune et jolie culottée mandarine
Qui de ces deux compères perturba le ying.
Ils s’engagèrent alors dans un duel très serré
La rondelette nacrée promise au beau vainqueur
Son petit pied prude posé sur son pal
Crut son septième ciel arrivé pour enfourcher le cheval
Mais le perdant rageur fit voler son petit coeur
D’un coup de sabre, il trancha la natte, la belle,
Le destrier et s’embrocha tout de go
Pour crever sur le damier.
Trois méchants personnages ne peuvent que se massacrer
Et le sang répandu traverser le panier
© PhVdb
Ecrit il y a quelques temps mais mit en lumière par un dossier sur Georges Bataille que je viens de redécouvrir dans un ancien numéro du “Magazine Littéraire”
"J'ai volontairement enlevé la "célèbre" photo qui fascinait tant Bataille. Ce n'est pas un acte de censure personnel mais plutôt du respect pour les personnes que cette image "sidérante" peut provoquer de souffrance chez le lecteur. La cruauté objectivée dans cette image est-elle soutenable; est-elle utile? Michel Foucault s'interroge dans son livre: "Le droit de punir" sur la justification par le pouvoir à travers l'histoire que la royauté (de droit divin) avait de faire voir le châtiment infligé aux criminels. La question reste ouverte!"
« La célèbre photo » du supplice chinois des "cent morceaux" a eu une importance fondamentale dans la vie de Bataille. Cette photographie figure, avec quatre autres clichés, dans les dernières pages du dernier livre que Bataille a publié (un an avant sa mort en 1962) : "Les larmes d’Eros".
Bataille l’affirme : "cette" photographie est en sa possession depuis 1925, elle le mène à l’extase en 1938. Les interprétations qu’en fait Bataille évoluent.
Dans "L’Expérience intérieure" on peut lire :
« Le jeune et séduisant chinois dont j’ai parlé, livré au travail du bourreau, je l’aimais d’un amour où l’instinct sadique n’avait pas de part : il me communiquait sa douleur ou plutôt l’excès de sa douleur et c’était justement ce que je cherchais, non pour en jouir, mais pour ruiner en moi ce qui s’oppose à la ruine. »
Dans "Le coupable", publié en 1944 mais rédigé de septembre 1939 à octobre 1943 :
« Je suis hanté par l’image du bourreau chinois de ma photographie, travaillant à couper la jambe de la victime au genou : la victime liée au poteau, les yeux révulsés, la tête en arrière, la grimace des lèvres laisse voir les dents.
La lame entrée dans la chair du genou : qui supportera qu’une horreur si grande exprime fidèlement "ce qu’il est", sa nature mise à nu ».
Voici la conclusion, "l’inévitable conclusion", des Larmes d’Eros :
« J’imagine le parti que, sans assister au supplice réel, dont il rêva, mais qui lui fut inaccessible, le marquis de Sade aurait tiré de cette image : cette image, d’une manière ou de l’autre, il l’eût incessamment devant les yeux. Mais Sade aurait voulu la voir dans la solitude, au moins dans la solitude relative, sans laquelle l’issue extatique et voluptueuse est inconcevable ».