lundi 9 novembre 2009

WHY I LOVE HER



Le Colt et le Cimetère

Il arriva qu’en des temps anciens, des bergers reposaient à l’ombre d’un dattier.
A quelques mètres d’eux, certaines chèvres faméliques de leurs troupeaux buvaient l’onde d’une mare croupissante.
Ils servaient un maître cruel et barbare qui, à chaque changement de lune et d’humeur, prélevait un lourd tribut en chèvres, filles et gitons.

A la tombée du jour, un fort groupe d’étrangers venu d’un « Grand  Etat Lointain » surgit d’entre les dunes proches et menaçât les misérables.
« Quoi, votre maître vous autorise à venir paître en ces lieux.
Mais vous représentez une menace majeure pour ce Paradis avec vos vilains caprins !
Dieu nous a confié la protection de celui-ci dans les Saintes Ecritures
».

Nos maigrelets n’y entendent gouttes, s’agitent et en appellent à toutes les divinités du Panthéon.
On déroule les rouleaux sacrés, points de réponses.
On se roule les burnous sur les cailloux, on crie, on pleure. Rien n’y fait.

« Eh quoi, vos yatagans, vos cimetères rouillés sont des armes de destruction massive pour nos cotons et maïs. »
Poursuivent les matamores.

Aussitôt nos beaux étrangers qui avaient fort soif de l’eau de nos pâtres font parler la poudre et, à grands coups de colt, débarrassent la terre de nos malheureux quidams.
Pulvérisé le berger.
Le sang coule rouge sur le sable blanc du désert.
Egaillées les biquettes. Irradiés les dattiers.

Un beau hourvari dans cette oasis - joli spectacle – clameurs sans fin de nos oppressés avant de trépasser.
Peu en réchappent.
Le Cruel ventripotant apprenant le désastre embarque sur la première felouque avec son troupeau d’esclaves et quelques jolis coffres et vogue vers l’ile de Démocratos.
A ma connaissance, il y réside toujours protégé par le vieux sage de la montagne.

Mais quoi de l’oasis ? -  me direz-vous !

Hé, n’ayez crainte Amis Lecteurs.

Nos outlaws suivis de quelques ingénieurs agronomiciens installèrent dans l’oasis force pompes et pipes-lines.
Et au nom de la lutte contre la faim en faveur de ces populations arriérées, on arrosa copieusement les cotons et maïs de l’Oncle Colt.
Fini le lait des chevrettes.
Dorénavant les trois quarts des enfants de ce quart monde  purent consommer du lait de maïs « ogémisé », « breveté », « cartonisé et dropé par carriole volante ».
Flocons, copeaux, crispies contre l’onde précieuse.
Les parents des marmots avaient bien quelques peines à payer cette manne celeste proposée par un Etat si pieux…

Mais son chef, un homme bien brave, entouré de ses porte-bottes savait y faire avec ces populations rebelles.

Le bonheur bouffi et obèse d’un état sûr de son bon droit du plus fort !

… A coup de colt !

© Ph. Vdb

5 commentaires:

Pivoine a dit…

Ceci c'est la veine "La Fontaine" un peu, non ? Cela pourrait s'appliquer à plusieurs pays... A plusieurs populations.

Dis, en mettant de l'ordre, j'ai retrouvé l'histoire de ton chef de train aussi... Aussi une histoire terrible celle-là !

Le Banquet de Philippe a dit…

Pour l'histoire du chef de train, je vais la retravailler, l'étoffer et la présenter au concours de la communauté française "Tout bascule"

Pivoine a dit…

Hi-hi!!! Je reviens voir s'il n'y aurait pas un nouvel article... Dis, as-tu envie de participer au marathon d'écriture d'Alain x ???

Pivoine a dit…

Voilà l'adresse: http://marathon.big-forum.net/forum.htm

Le principe, on poste un texte par heure dans un espace à soi, avec un minimum de trois textes en suivant... Et un maximum sans limite!

L'organisateur est Alain X, "J'en rêve encore", il est dans mes liens et a aussi un blog sur blogspot.

Ghislain Nicolas a dit…

Bien cette histoire qui résume les méfaits dela colonisation, on veut apporter quelque chose,et gagner de l argent et en définitive on ne crée que des problémes.
Bonne soirée Latil