mardi 3 novembre 2009

Saint Sébastien

SAINT SEBASTIEN

Saint Sébastien, levantin ma foi
N’avait rien d’un contrefait
Ne voulant point périr sur la croix
Vite il parcourait les adrets.
Des archers du Roi, évitait la loi
En offrant sa beauté aux rets.

D’une Perséphone suivit la trahison
Et sur les chemins de Rome,
D’un vil condottière connut la prison.
Nu et torturé comme personne
Ne reniant ni son nom ni sa religion
Il fut vite condamné à none.

Exposé dans un cul de basse fosse
Sa pureté offerte aux soudards
Reçut le premier trait sur le haut de l’os.
La douleur lui fit lever le dard
Et sur le corps percé, dépourvu d’ost 
Sa semence versa à tout hasard.

C’est ainsi que le célèbre Michel Ange
Peignit ce bel adonis, saint et nu
Et notre artiste zélé disciple d’Onan
Cacha d’une légère bande de tulle
Sur les saintes et sacrées voutes vaticanes
Ce prude héros si ambigu.

© Ph. Vdb.

Ce mythe que je parodie, est une image extraite du “Jugement dernier” de Michel Ange, que l’on peut admirer sur le tympan de la chapelle Sixtine. Comme le personnage est intéressant, universel et récupéré par l'écrivain japonais Mishima et comme le suggère Marguerite Yourcenar qui lui a consacré l’ouvrage "Mishima ou la vision du vide", où elle évoque sa vie ainsi que sa mort tragique, j’ai préféré illustrer ce texte par la confrontation de deux cultures: l'Orient et l'Occident. 
Mishima semble avoir fait de son suicide rituel son oeuvre ultime qu’il a préparé et répété au fil du temps. Mishima qui avait écrit et adapté sa nouvelle “Yûkoku” 1965 (Le tout avec le Liebestod extrait du Tristan et Isolde de Richard Wagner) au cinema, avait par ailleurs décrit une action très similaire dans son roman “Chevaux échappés” 1959, avec une fin tout aussi tragique. Quand on sait que son oeuvre baigne dans le pessimisme permanent et que la souffrance en est un thème récurrent chez un homme qui se disait envoûté par le tableau “Saint Sébastien” de Guido Reni où figure un éphèbe à demi nu percé de fleches, il m’a semblé logique de me servir de Mishima comme illustration provocatrice à cette polissonnerie.

Aucun commentaire: